La période que nous vivons cumule dans une intensité rarement atteinte beaucoup de sources d’inquiétudes.
C’est un temps où nous pouvons réévaluer nos priorités, nos valeurs. Réfléchir à ce que nous souhaitons pour nous demain.
Pour nous aider dans cette réflexion je vous propose de revisiter certains principes de sagesses.
Après un article et PODCAST « De moine Bouddhiste à Serial entrepreneur » on m’a demandé d’approfondir certains concepts issus de la philosophie Bouddhiste.
La demande ne s’étant pas tarie, nous poursuivons avec un article sur une autre sagesse ancestrale qui a beaucoup apporté à la philosophie occidentale, cette fois, le Stoïcisme.
Pour tout un chacun le Stoïcisme s’apparente à un certain détachement face aux évènements désagréables de la vie. Être Stoïque, dans le langage courant, consiste à rester impassible face aux évènements.
Comme toujours, le temps nous livre un résultat anecdotique en présence d’une philosophie de vie beaucoup plus riche et complexe.
Ce courant de pensée est né au 3° siècle avant JC. Une figure l’a incarné c’est l’empereur Marc Aurèle. C’est le dernier empereur Romain avant l’avènement du Christianisme comme religion officielle et philosophie dominante à partir du 4° siècle après JC.
Ce mouvement de pensée a donc duré 7 siècles. Comme vous le verrez dans les concepts choisis ; aujourd’hui encore ce mouvement de pensée influence certains aspects de notre approche du monde.
Je vous propose une « promenade » à travers les 3 principes du Stoïcisme et quelques préceptes issus de deux lectures :
Pensées pour moi même de Marc Aurèle.
Le Manuel D’Épictète
1.
Les trois principes
- Il n’y a de bien que le bien moral
- Toute l’activité humaine se fonde sur le jugement
- La nature est cohérente avec elle-même
Il n’y a de bien que le bien moral.
Le stoïcisme refuse de motiver l’action par le plaisir ou l’intérêt. On retrouve ce que Kant développera comme la pureté de l’intention et son importance. En agissant sans intérêt ni recherche du plaisir personnel on trouve le bonheur. Sans la pression de ceux qui veulent toujours plus de bien dont la propriété leur échappe à la fin ne serait-ce que par la mort.
Les choses sont bonnes ou mauvaises c’est à dire bonnes ou mauvaises moralement.
La vertu, le vice.
Ou ni bonne ni mauvaise c’est à dire indifférentes ; la pauvreté, la maladie, la mort.
Il n’est de bien que ce qui est moralement beau, ne compte pour rien la noblesse, le pouvoir, et tout ce qui est extérieur à l’âme.
Vous voyez bien que cette distance, en Occident, par rapport au matériel est antérieure à la naissance du Christianisme.
Toute l’activité humaine se fonde sur le jugement.
Tout dans la conduite de l’homme est affaire de jugement.
Les passions sont des jugements. La passion de l’argent est un jugement de valeur disant que l’argent est bien.
Il ne s’agit pas de savoir théorique mais de réaliser que le bien consiste à agir conformément à la raison droite libérée de tout égoïsme et intérêts personnels.
L’éthique si importante aujourd’hui était à l’époque, un terme générique qui désignait l’action humaine. Aujourd’hui nous avons des codes d’éthiques qui nous indiquent ce qui est bon ou pas de faire dans telle ou telle circonstance.
Nous avons transformé ce concept en vertu ; une conduite éthique est une conduite conforme à la lettre et l’esprit de la Loi ou d’un règlement accepté.
Tout est une question de point de vue. Quand nous affirmons cela ; nous faisons référence à ce courant de pensée qu’est le Stoïcisme.
La nature est cohérente avec elle même.
Le vivant est, dés le premier instant de sa vie, instinctivement accordé à lui-même, cohérent avec lui-même. Il tend à la conservation de lui même, il aime sa propre existence et tout ce qui peut la conserver. Il en est ainsi de chaque vivant. Il en est de même pour ce vivant qu’est le monde.
Cette affirmation, anodine et évidente en apparence induit de nombreuses conséquences. Si nous appliquons ce principe à tout être humain, nous pouvons prédire beaucoup de ces futurs comportements et attitudes face à certaines situations.
2.
Les pratiques choisies et livrées à votre réflexion
Distinction entre ce qui dépend de nous et ce qui ne dépend pas de nous.
Ce qui dépend de nous le jugement, le désir, l’impulsion à l’action. On peut décider d’agir de bien agir ou pas, de vouloir ou pas etc…
Il y a trois domaines dans lesquels doit s’exercer l’homme qui veut devenir parfait :
- Le domaine qui dépend des aversions et des désirs. Afin de ne pas se sentir frustré dans ces désirs et de ne pas rencontrer ce que l’on voudrait éviter.
- Le domaine qui concerne les tendances à agir et les refus d’agir et de manière générale ce qui a trait à ce qu’il convient de faire.
- Le domaine dans lequel il s’agit de se garder de l’erreur et des raisons insuffisantes.
Ce qui ne dépend pas de nous la santé, la renommée, la richesse, l’opinion des autres, le corps, les possessions …Les fermetures imposées, le confinement…
Cette distinction apporte le bonheur et la liberté à la condition qu’elle soit la règle de tous les jugements qui motivent nos désirs et inspirent nos actions.
Qu’est ce qui est en mon pouvoir, qu’est ce qui ne l’est pas ?
Nos jugements dépendent de nous. Ce sont les représentations que nous nous faisons des choses qui nous plongent dans un état de trouble, d’inquiétude, d’incertitude par ce que nous croyons que les choses qui ne dépendent pas de nous peuvent être des maux.
Faire le choix de la liberté, du choix primordial. Nous pouvons choisir notre attitude morale, déterminer le sens et le but de toute notre vie.
Nous sommes libres de nos jugements, de nos désirs, de notre décision d’agir. Nous pouvons choisir notre attitude morale, déterminer le but et le sens de notre vie.
Le secret du bonheur : je ne suis pas les attributs grammaticaux que le destin m’impose, riche ou pauvre, bien portant ou malade, maître ou esclave, puissant ou misérable. Je suis là où est mon choix de vie.
L’usage des représentations : Si nous nous en tenons à la perception de la réalité telle qu’elle se présente à nous et qu’il n’y a de mal que le mal moral nous garderons un jugement serein, rationnel et une tranquillité d’âme même si nous ne pouvons pas nous empêcher de connaître des sentiments instinctifs (tels la peur).
Le discours intérieur aura pour vocation d’éviter les représentation troublantes et subjectives, qui risquent de l’égarer. Ce discours intérieur doit rajouter du sens à la perception et au sentiment qui en découle. Il ne faut pas donner tout son crédit à ce que l’on pense. A son jugement « dogma ».
Avant de donner un jugement de valeur c’est bien ou mal pour quelque chose venant de quelqu’un il faut connaître son intention morale.
Ce qui dépend de nous sont le jugement, le désir, l’action.
Les jugements des autres ont peu d’importance.
Pour atteindre les états supérieurs de la perfection il faut le faire avec étapes et préparation.
Dans l’action le stoïcien agit avec une clause de réserve, sans zèle intempestif et avec mesure.
Il faut vouloir les évènements tels qu’ils arrivent.
S’habituer à ce qui va arriver. Habitue-toi à tout ce qui décourage.
Devoirs envers soi-même quelques citations tirées de Marc Aurèle :
Accomplis chaque action comme si c’était la dernière, en te tenant éloigné de toute légèreté.
Impossible de vivre honnêtement un seul jour si nous ne nous le considérons pas comme notre dernier jour.
Se fixer un modèle de conduite : quel homme veux-tu être ?
Pas de bavardages ni rires intempestifs qui montrent que l’on ne se maîtrise pas : ne parle pas des gens ni pour en faire la critique ou l’éloge, ne les compare pas entre eux.
Pour le corps s’en tenir aux simples besoins.
Ne pas se défendre des critiques.
Ne pas prendre partie dans les spectacles.
Ne souhaite pas que ce que tu veux arrive, veux qu’il arrive comme il arrive.
Les gens n’aiment pas ce qui les gêne.
Bonne réflexion !